Podcast – Génération CHO

Vous êtes plutôt visuel.le qu’auditif.ve ? J’ai retranscrit pour vous mon interview sur le Podcast Génération CHO, tenu par la brillante Julie Artis. L’épisode 52, date du 9 juin 2020.

Dans cet interview, je raconte :

➡️ comment j’ai eu le déclic du Bonheur au Travail,
➡️ les événements qu’on organise avec Thuy-Mai Lam et Métro Boulot Bonheur – La Fabrique Spinoza,
➡️ ma vision du Bonheur au Travail et du débat autour de cette terminologie,
➡️ mon expérience chez Morning Coworking & Bureaux à Partager
➡️ on a aussi reparlé de mon article “3 conseils avant de se lancer comme CHO” et de ma vision de ce métier
➡️ et de ce que je changerai dans l’entreprise si j’avais une baguette magique…

Hello Amélie ! Je suis ravie de t’accueillir sur le Podcast de Génération CHO. Amélie, tu te définis comme un pur produit de la Génération Y, tu as travaillé dans une dizaine d’entreprises différentes et changé 4 fois de métier au cours des 12 dernières années. Durant toutes ces expériences tu t’es souvent posé la question du Bonheur au Travail. Tu t’es formée, forcément, à la discipline de la psychologie positive auprès de Positran, tu as suivi des formations auprès de La Fabrique Spinoza (c’est d’ailleurs le lien qui nous unit toutes les 2), et pour compléter ta formation, tu as fait le cursus en ligne proposé par l’Université de Berkeley. Tu es aujourd’hui en train de te former au coaching, bref, tu n’arrêtes pas !

Aujourd’hui tu te définis comme une cultivatrice du Bonheur au Travail, et tu as vraiment à cœur de réveiller l’enthousiasme au travail des personnes, en leur faisant vivre des émotions positives en te basant sur tous les principes de l’intelligence collective.

Comme première question, j’aimerais que tu nous dises quel a été le déclic qui t’a mise sur ce chemin du Bonheur au Travail.

Merci pour cette super introduction qui fait très plaisir ! Effectivement comme tu l’as dit, j’ai changé plusieurs fois de métier et d’entreprise, autant dire qu’à chacun de mes jobs, je me suis posée la question du Bonheur au Travail. Le vrai déclic, il a été cependant en 2017, quand j’ai été à 2 doigts d’un burn-out. J’adorai tout ce que je faisais, sauf que je travaillais 80h par semaine, avec un salaire à peine plus élevé que mon chômage (j’avais très mal négocié mon salaire à l’époque) et surtout j’avais une boule au ventre en permanence, à cause de relations plus que tendues avec ma manager. Du coup, quand j’ai quitté mon job au bout de 6 mois, j’ai pu souffler, j’ai pu réfléchir à la suite et j’ai commencé à regarder plus spécifiquement les formations en Bonheur au Travail. Je me suis lancée, j’ai appelé la Fabrique Spinoza pour demander à intégrer la formation qui avait lieu le lendemain, et tout un nouveau monde c’est ouvert à moi.

Ça a été un déclic du coup, j’imagine un peu comme moi, quand j’ai fait cette formation de La Fabrique Spinoza. Tu dis que tu as vécu l’épuisement professionnel, la souffrance au travail, et j’ai l’impression que souvent on attend de ne pas aller bien pour s’intéresser à ce qui pourrait nous faire du bien. C’est fou, comme quand on attend d’avoir mal au dos pour aller voir un osthéopathe. Est-ce que tu penses qu’on a besoin de passer par cette période d’épuisement professionnel pour s’intéresser au sujet du Bien-Etre au Travail ?

Non, je ne pense pas qu’on en ait besoin, sinon c’est vraiment très triste. En revanche, c’est clairement un déclencheur. En fait, on est très facilement dans une situation qui peut être confortable, que ce soit financièrement ou autre, et souvent on se satisfait de ce que l’on a, sans chercher à avoir mieux. Et je pense qu’il est plutôt là, le piège. L’idée c’est de sortir de sa zone de confort, de sa routine quotidienne, et de voir si on pourrait avoir d’autres expériences meilleures.

C’est vrai, le problème de la routine c’est que souvent on ne voit pas qu’on est dans cette routine. C’est dommage parce qu’il y a pas mal de gens qui se rendent compte, après plusieurs années dans un métier qui ne leur convenait pas, qu’ils sont passés à côté de plein de choses. Du coup c’est super aujourd’hui d’avoir plein d’initiatives qui permettent d’éveiller les consciences à ce sujet-là.

D’ailleurs, tu organises des événements qui permettent d’éveiller les consciences sur le sujet du Bien-Etre au Travail avec les événements Métro Boulot Bonheur, qu’on peut retrouver actuellement en live et que tu faisais en présentiel sur Paris.

Oui, en présentiel et en ligne pendant toute la durée du confinement et encore un peu après.

Tu touches à quels sujets sur ces événements ? Tu sensibilises à des sujets spécifiques ? Comment ça se passe ?

C’est très variable, ça dépend de nos centres d’intérêt du moment avec ma co-pilote Mai et ça dépend aussi beaucoup des personnes qu’on rencontre. On aime faire intervenir des personnes qu’on a rencontrées soit via LinkedIn, soit en réel, pour avoir leurs apports et leurs visions sur un sujet en particulier. On a une thématique qui est très large et très globale qui va de la Brain Gym, l’intuition, la nutrition et la vitalité au travail, à l’après crise et comment on imagine le monde d’après. On prévoit dans les prochains événements de tenter la Biodanza… C’est vraiment en fonction des rencontres et des apprentissages qu’on fait nous personnellement.

C’est là que tu vois qu’en fait le sujet du Bien-Etre au Travail touche tellement de dimensions différentes, et finalement les personnalités de chacun peuvent se retrouver dans ces différentes dimensions. C’est ça qui fait que le sujet est passionnant, je pense.

Exactement.

Parlons un peu plus spécifiquement de ce sujet du Bonheur au Travail c’est quoi pour toi ? Comment tu pourrais le définir ?

Alors pour moi, c’est aimer ce que je fais et aimer les conditions dans lesquelles je le fais. C’est avoir envie de me lever le matin et de faire quelque chose qui fait sens pour moi, qui est en accord avec mes valeurs. C’est quelque chose qui est subjectif, qui ne s’impose pas et c’est un choix. Mon mari par exemple, il est anti Bonheur au Travail, on a plein de super débats sur le sujet. Pour lui, son travail c’est uniquement un gagne-pain et il a choisi de se réaliser ailleurs et c’est ok comme ça. Donc c’est vraiment un choix de se dire « ok, comment est-ce que j’utilise au mieux les 80 000 heures de ma vie que je vais consacrer à mon travail ? ». Je trouve que 80 000 heures c’est beaucoup, et j’ai vraiment envie d’y prendre du plaisir et que ça ait du sens pour moi.

C’est intéressant ce que tu dis parce qu’effectivement il y a plein de gens qui considèrent que le travail n’est pas fait pour s’épanouir personnellement et professionnellement. C’est vrai que c’est ok s’ils ont trouvé un autre moyen de combler leurs besoins, combler leur passion. C’est pour ça que je comprends les personnes qui parlent d’injonction au Bonheur au Travail parce qu’on n’est, encore une fois, pas là pour imposer quoi que ce soit. L’idée c’est de proposer des choses, mais si effectivement il y a des personnes qui ont envie de garder un travail pour des raisons purement alimentaires, c’est très bien comme ça. C’est intéressant du coup que tu partages ta vie avec une personne qui a un regard totalement opposé !

Par rapport à cette terminologie « Bonheur au Travail », tu es un peu comme moi, tu oses à fond parler de Bonheur au Travail plutôt que de Bien-Etre au Travail, etc. Qu’est-ce que tu penses de ce débat ? Est-ce que c’est nécessaire véritablement de débattre sur la terminologie du mot ?

Est-ce que c’est nécessaire de débattre, je ne sais pas, mais en tout cas, je le comprends ce débat, parce que le mot bonheur, il fait peur à certaines personnes. Moi j’ai un peu l’impression que ça leur fait peur, parce qu’ils ont l’impression qu’il y a une poignée de consultants, de CHO, qui pensent apporter des réponses aux questions que les grecs se posaient il y a 2 000 ans. C’est vraiment cette notion de bonheur qui fait peur. Pour d’autres, comme mon mari, c’est complètement incompatible, le mot bonheur avec le mot travail, parce que travail vient du latin tripalium qui veut dire torture, donc c’est pas ok. Les trois terminologies les plus souvent exposées permettent à chacun de s’y retrouver. La qualité de vie au travail permet un cadre légal qui est clair et sécurisant. Après on peut parler de bien-être, qui implique une notion autant physique qu’émotionnelle. Pour ma part j’aime beaucoup parler de bonheur parce que c’est ce que je vise et c’est ce qui m’anime vraiment.

C’est bien d’avoir un vocabulaire qui puisse parler à chacun parce que le Bonheur au Travail c’est vraiment l’affaire de tous. Si un discours ne passe pas avec le mot « Bonheur au Travail », peut-être qu’il passera pour cette même personne avec le mot « Bien-Etre » ou avec le mot « QVT ». Le message, dans tous les cas, il reste le même.

Clairement les intentions sont les mêmes et pour moi souvent c’est un faux débat parce que notre démarche derrière, elle est identique. Est-ce que du coup tu es de celles qui pensent que le Bien-Etre au Travail impacte le bien-être dans la sphère personnelle ? Est-ce que tu penses que les deux sont fortement corrélés ou tu fais quand même une distinction entre pro et perso ?

Pour moi les deux sont forcément corrélés sinon on serait tous un peu schizophrène. Je pense qu’on ne peut pas avoir deux vies ou être complètement différents dans le monde du travail et dans le monde privé. Nos émotions ne s’arrêtent pas devant la porte de l’entreprise, ni devant la porte de notre appartement. Donc oui, les deux sont liés. Si je ne me sens pas bien au travail, le soir je vais rentrer chez moi, je vais pleurer et c’est normal. En revanche, si j’ai passé une super journée au travail, que je me suis sentie efficace et que j’ai passé un super moment avec mes collègues, je vais rentrer chez moi et je vais être dans un état d’esprit hyper positif et joyeux et je vais en faire profiter les autres.

J’ai l’impression que si beaucoup de personnes entreprennent des reconversions c’est parce que bien souvent elles se sont rendues compte que dans le métier qu’elles avaient ou la fonction qu’elles occupaient, elles ne pouvaient pas être 100% elles-mêmes. Je pense qu’il y a ce besoin là aussi pour s’épanouir, de se sentir authentique dans ce qu’on fait, de se sentir aligné.

Je partage aussi ton point de vue sur le fait que les deux sont intiment liés.

Alors aujourd’hui tu es consultante, tu fais des ateliers en entreprise, tu animes des événements, et comme je l’ai dit en introduction, tu as eu pas mal de expériences différentes en entreprise avant en tant que salariée, et notamment une expérience de Happy Office Manager où tu as pu explorer ce sujet de Bien-Etre au Travail. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ça ?

J’ai travaillé chez Morning Coworking pendant un an et demi. Là-bas j’ai géré toute la partie onboarding des collaborateurs, l’envoi et l’analyse d’un baromètre collaborateurs tous les mois, pour prendre la température des équipes. D’ailleurs les résultats du baromètre étaient envoyés aux collaborateurs pour une totale transparence.

Il y avait combien de personnes dans la société ?

Cent.

J’organisais tous les goûters, apéros, petits déjeuners, les moments conviviaux et j’animais aussi certains rituels de l’entreprise. Par exemple, les idées du vendredi. Tous les vendredis un formulaire était soumis aux collaborateurs et chacun devait donner une idée. Le lundi, le comité des idées se réunissait pour voter pour les trois meilleures idées. Chaque personne qui postait une idée ou qui gagnait, recevait des briqs.

Je sais pas si tu connais cette application briq ? C’est une application de reconnaissance en peer to peer. En fait, c’est une monnaie virtuelle que les collaborateurs peuvent s’échanger tous les jours, pour se dire un compliment, un merci pour un projet. On peut vraiment tout imaginer. On donnait de la monnaie virtuelle à chaque idée qui était proposée, à chaque idée gagnante et à chaque projet qui était réalisé. Avec cette monnaie virtuelle, les collaborateurs pouvaient acheter des lots non monétaires. On pouvait acheter par exemple un café, en demandant à un collègue de nous l’offrir. Ça fonctionnait aussi avec le croissant. On pouvait demander un câlin, une blague, un échange de repas…plein de choses qui créent du lien et favorisent l’humour dans l’entreprise.

Il y avait quel taux de participation ? Est-ce tu as mesuré ça ? Tout le monde y prenait part ?

On avait à peu près 30% de participation, donc pas énorme. Après j’avais pris le parti de faire en sorte que chaque nouveau collaborateur qui arrivait dans l’entreprise réalise une idée du vendredi. Comme ça il avait une émulation qui pouvait se créer. Et voir les idées se réaliser c’est toujours plus sympa qu’uniquement les proposer.

Cette démarche est intéressante. C’est important aussi, quand on est Chief Happiness Officer ou qu’on veut mettre en place des actions d’entreprises, de demander, de solliciter la participation des collaborateurs. Leur demander ce dont ils ont besoin c’est super, mais montrer derrière la concrétisation et le fait de réaliser réellement des choses par rapport à leurs retours et leurs idées c’est super important. Si tu ne montres pas que derrière ça suit, c’est le meilleur moyen pour que toutes les initiatives fassent chou blanc.

Toi tu avais quel rôle ? Tu me disais que ce n’était pas ton rôle, Happiness manager, parce que l’entreprise partait du principe qu’il y avait pas de responsable du Bonheur au Travail mais plutôt chacun était responsable de ce sujet-là. Tu peux nous en parler un petit peu de l’intitulé ?

Effectivement, quand j’ai postulé, le nom de l’offre c’était « assistante admin ». J’ai postulé parce qu’une amie travaillait là-bas et m’avait donné toutes les infos sur la culture d’entreprise et les valeurs. Je me suis dit « ok, on est vraiment en phase, ils font plein de trucs supers » et j’ai postulé en disant « vous cherchez une assistante admin, c’est pas très sexy comme intitulé, moi je vous propose d’être Office and Happiness Manager ». Ils m’ont prise en me disant « attention tu ne seras pas Happiness Manager parce qu’on considère que tout le monde est responsable du Bonheur au Travail dans l’entreprise, en revanche tu pourras faire tout ce que tu voudras, si tu veux mettre en place des choses, tu peux tenter, tu peux essayer ». Je me suis dit que c’était vraiment en phase avec ma vision du Bonheur au Travail, et je me suis dit « ok, c’est pas l’intitulé mais j’y vais ».

Je pense que j’ai quand même eu un rôle d’Happiness Manager, parce que j’étais garante de la culture d’entreprise, que j’étais un des premiers visages que les nouveaux arrivants voyaient (je participais notamment au partage de la culture et de la vision de l’entreprise) et j’animais tous les moments de cohésion, en tout cas en partenariat avec d’autres collaborateurs. Le baromètre collaborateurs, c’était un moment important du mois, la boutique Briq, j’y mettais des nouvelles idées, je créais une émulation.

C’est moi qui animais, il faut que j’en parle, Gorille et cacahuète. Est-ce que tu connais Gorille et Cacahuète ? C’est un super jeu qui avait été mis en place avant que j’arrive. L’idée c’est que chaque collaborateur est un gorille et une cacahuète. Le Gorille doit prendre soin d’une cacahuète de manière anonyme. Donc pendant un mois, des collaborateurs offraient des croissants, des bouquets de fleurs, des petits cadeaux de manière anonyme à un autre collègue et en retour recevait aussi des petites surprises et des attentions de la part d’une autre personne. Tout ça de manière secrète et aléatoire. C’était vraiment un super moment parce qu’on avait des initiatives un peu folles qui arrivaient. Il y a un collaborateur qui n’avait rien fait pendant quasiment un mois, et le dernier jour, il a offert 10kg de bananes à sa cacahuète. Le CEO s’est pris un déguisement de gorille et a traversé tout l’espace de coworking avec sa cacahuète en balade. Voilà donc c’est des choses comme ça, un peu folles et mignonnes, qui mettent une super ambiance.

C’est ça finalement, il y a plein de petites actions en apparence légères qui permettent véritablement aux gens de plus se considérer les uns les autres, d’avoir des signes d’attention, d’affection, des petits clins d’œil et je trouve ça chouette. J’aime beaucoup l’idée. Ça me fait penser un petit peu finalement aux tuteurs et aux mentors. L’idée que ce soit anonyme, ça rajoute de la surprise, ça casse la routine, c’est top !

Ça permettait aussi de faire connaissance. On avait beaucoup de nouveaux arrivés, 2 fois par mois au minimum, un groupe de  6-8 nouveaux collaborateurs arrivaient, ça permettait de chercher à connaître les gens. Parce que à 100, ce n’est pas c’est pas la même chose qu’à 50. On connaît un peu moins les gens, et comme on travaille aussi beaucoup en télétravail dans les différents espaces de coworking dans tout Paris, ça permettait aussi d’apprendre à se connaître autrement, de chercher des infos sur la personne qu’on connaît moins…

C’est chouette. Merci pour les bonnes pratiques, c’est super intéressant. J’aimerais bien qu’on revienne un peu sur le métier de Chief Happiness Officer, parce que comme tu le sais, c’est le nom du podcast « Génération CHO ». Toi aussi tu es impliquée sur ce sujet-là, et je voulais qu’on parle de cet article que tu as publié récemment sur LinkedIn, où tu partages ton point de vue sur le métier. Tu éclaires sur pas mal de non-dits autour de ce métier et sur le fait que finalement c’est pas si simple que ça d’être Chief Happiness Officer, que c’est même un parcours du combattant parfois pour trouver des postes. C’est vrai que l’appellation de la mission fait rêver énormément de personnes, mais c’est loin d’être un long fleuve tranquille. En plus être CHO ça veut pas forcément dire « être heureuse au travail », on peut aussi même avoir de la souffrance au travail, à s’occuper des autres, à s’oublier soi-même… C’est quoi justement ta vision par rapport à ce métier-là ?

Effectivement je pense que CHO… il faut s’accrocher ! J’ai tenté en 2017-2018 et j’ai été vers le métier d’Office & Happiness Manager parce qu’il n’y a pas d’offre CHO. En termes de chiffres, il me semble que c’étaient 60 offres publiées en 2016 dans toute la France avec 40% d’offres qui étaient des stages. Donc on est vraiment loin du nombre d’offres disponibles par rapport à tout le buzz médiatique qui en est fait. On en parle beaucoup, mais dans les faits il y en a très peu. C’est surtout des Office & Happiness Managers qui gèrent toute cette partie-là en plus de leurs missions variées en office management.

Je n’ai pas les chiffres exacts, mais c’est vrai qu’il n’y a pas de tant d’offres de postes que ça. Je pense que c’est aussi difficile de les dénombrer véritablement parce qu’il y a beaucoup de personnes qui ont ce rôle-là, sans vraiment l’avoir en étiquette sur la fiche de poste. Il y a aussi beaucoup de promotions en interne sur des personnes qui sont peut-être déjà chargé.e de com’, RH, Office Manager, et qui obtiennent la casquette CHO. C’est vrai que sur le marché de l’emploi, c’est une fonction qui fait rêver, en tout cas qui attire énormément, et je comprends forcément à 100% parce qu’on est vraiment au cœur de l’humain, de l’impact positif. C’est super passionnant comme métier ! En revanche, la réalité du terrain, il faut s’accrocher comme tu le disais dans ton article et je trouvais ça intéressant le regard que tu portes sur le CHO.

Souvent ce que je conseille, quand les personnes me demandent comment trouver un poste c’est qu’il ne faut pas attendre d’avoir des offres de postes parce que sinon on pourrait attendre énormément, et ne pas hésiter à faire par exemple des candidatures spontanées dans des entreprises qui nous attirent ou qui ont des cultures qui pourraient être potentiellement ouvertes à ce sujet. C’est vrai qu’il faut faire attention sur le fait qu’être CHO ce n’est pas forcément aussi la garantie d’un Bien-Etre au Travail absolu.

J’ai surtout rencontré des Office & Happiness manager dont beaucoup qui étaient déçues du peu de crédit apporté par l’entreprise à toute la partie Happiness, du peu d’importance, du peu de moyens qui étaient fournis. J’en ai rencontré quelques-unes qui étaient déçues et d’autres qui étaient ravies et pour qui ça se passe bien, heureusement. J’ai pas mal discuté avec Nathalie Forestier, qui est CHO de Just Eat, que tu as interviewée en podcast et effectivement c’est vraiment intéressant d’échanger sur la perception du métier. Il y a aussi beaucoup de gens qui mixent une fonction RH avec une fonction Happiness plutôt dans les start-up et donc là pareil j’ai pu discuter avec quelques personnes, de leur métier et de comment elles le voyaient.

Moi aujourd’hui, je pense que le CHO c’est surtout un chef d’orchestre qui motive et qui implique les collaborateurs à agir pour leur Bonheur au Travail. Le CHO ne travaille jamais seul, mais avec une communauté de collabor’acteurs engagés pour le bien-être collectif.

On n’est pas obligé d’être CHO à 100%. On peut être chef de produit et CHO, on peut être ingénieur et CHO comme on peut être Office Manager et CHO. En fait on peut cumuler plusieurs casquettes, et si chacun se dit que « je peux déjà être mon propre CHO », c’est déjà pas mal. Le bonheur, il est contagieux, à partir du moment où on fait des choses pour soi, ça se répercute forcément sur les autres.

Je suis complètement d’accord avec toi et c’est vrai que c’est super intéressant ce que tu dis sur le fait qu’on peut être CHO dans tous les métiers finalement. C’est pour ça que j’aime à penser que le CHO, on pourrait plus le voir comme une philosophie, un état d’être et d’agir, plutôt qu’un métier à part entière. Quelle que soit notre fonction on peut avoir ce volet-là de Chief Happiness Officer.

Pour les personnes qui aimeraient agir en faveur du Bien-Etre au Travail dans les entreprises et qui aimeraient prendre le pas de cette casquette un peu orientée Chief Happiness Officer, il y a des formations selon toi, en tout cas des sujets sur lesquels il serait intéressant de se former ? Je sais que toi, tu as une appétence particulière surtout sur le domaine de l’intelligence collective. Il y a des sujets sur lesquels ça ferait sens de creuser un peu plus en tant que CHO ?

Les sujets de Psychologie Positive, je trouve que c’est toujours très intéressant parce qu’on sort un petit peu du mode Bisounours que certains imaginent, et on apporte une science et des faits concrets sur ce qu’on fait. Après je dirais que le meilleur apprentissage, c’est celui qu’on fait avec d’autres personnes qui mettent en place des choses. On peut se former sur plein de sujets quand on est CHO, que ce soit l’intelligence émotionnelle, la psychologie positive… On peut se former aux métiers de CHO comme ce que tu proposes avec ta formation. L’important c’est d’avoir les bases qui nous suffisent et avec lesquelles on se sent légitime pour agir. Il n’y a pas de diplôme de Chief Happiness Officer. Donc l’important est de se demander « quelle est ma vision du métier ? » « est-ce que je la partage avec une entreprise ? » et « comment est-ce qu’on peut imaginer faire des choses ensemble ? ».

Je partage à fond ta vision et c’est vrai que souvent les personnes qui veulent ce rôle-là ont des soucis de légitimité parce qu’elles pensent qu’elles ne sont pas suffisamment formées. Moi je pars du principe que les qualités humaines, elles sont essentielles sur ce sujet-là. On a besoin de personnes qui sont dans l’écoute, dans l’empathie. Rien que ça tu vois, je pense que ce sont des choses qui manquent énormément en entreprise, et si a minima et on pouvait permettre aux collaborateurs de se sentir plus écoutés et considérés, je pense que ça changerait beaucoup de choses. J’ai l’impression que la principale problématique des entreprises, c’est cette rupture du dialogue entre les managers et les collaborateurs, la vision des dirigeants… je pense que les qualités d’écoute, remettre l’écoute, recréer plus de communication, ce sont des choses essentielles. Finalement, à part juste être à l’écoute et faire preuve d’empathie, t’as pas forcément besoin d’être surdiplômé.e pour faire ça.

Ça demande effectivement cette qualité d’écoute, beaucoup de créativité pour imaginer des solutions, et même plus qu’imaginer des solutions, parce que je pense que les meilleures solutions elles viennent des collaborateurs eux-mêmes. Donc c’est avoir cet esprit d’initiative, à rassembler les collaborateurs dans une même pièce pour discuter de « ok, c’est quoi le Bonheur au Travail pour nous, qu’est-ce qu’on a envie de faire pour l’améliorer ? ». Et ça commence tout simplement par donner la parole aux collaborateurs, les écouter, prendre en compte leurs remarques et créer ensemble, avancer ensemble, dans une envie commune de plus de Bien-Etre au Travail.

Si tu avais une baguette magique qu’est-ce que tu changerais aujourd’hui dans le monde des entreprises ?

J’adore la baguette magique ! Si j’avais une baguette magique je replacerais la mission sociale au cœur de l’entreprise pour que l’utilité ou que la raison d’être de l’entreprise ça ne soit pas le chiffre d’affaires, mais que ce soit « qu’est-ce que j’ai apporté de bien au monde ». Je pense que si on démarre par-là, même si c’est très utopique, ça serait déjà un énorme pas de fait sur le sens au travail et sur un monde meilleur.

Ce sera le mot de la fin. Je crois que je n’ai rien à ajouter par rapport à ça. C’est utopique mais c’est beau et je pense que c’est nécessaire de le penser, parce que si on ne pense pas un peu grand, on n’évoluera jamais. Donc j’adore. Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite, Amélie ?

Des beaux projets de Bonheur au Travail, intervenir dans un maximum d’entreprises sur ce sujet-là pour impacter le maximum de travailleurs et de travailleuses possible !

C’est tout ce qu’on te souhaite du coup. Merci beaucoup !

Et pour ceux qui nous écoutent, je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de Génération CHO. Salut !

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